Projection

De Quentin Carnaille

Constituée d’une lame de miroir à deux faces qui s’élève verticalement Projection opère comme une stèle, ou à tout le moins un repère, pour les promeneurs qui viennent à passer sur la rive autant que pour les diverses embarcations, bateaux ou péniches, qui empruntent le canal.

Sa fonction de repère spatial se double d’une invitation à observer l’espace d’un œil nouveau. En effet, le double plan qu’offre Projection au regard, c’est-à-dire celui contenu dans le miroir ainsi que celui de l’espace environnant l’œuvre, place le spectateur dans une position inaccoutumée où il lui est donné de voir dans un même temps ce qui lui fait face et ce qui se tient dans son dos. Or cette fenêtre visuelle renvoie directement à une autre, temporelle celle-ci, par laquelle l’observateur contemplerait dans un même regard l’à-venir et l’advenu, sorte d’étau existentiel dans lequel sa présence au monde se verrait questionnée.

Ainsi, Projection assume une position paradoxale : dans sa forme d’abord, par le contraste qu’elle impose entre le miroir et la nature alentour ; et de façon plus abstraite, en ce qu’elle est à la fois fixation de territoire et tentative de s’absoudre de celui-ci par la révélation d’une autre dimension.